Ce lundi 8 octobre, lors d’une journée douce et ensoleillée, l’ékipe d’Ekivrac se mettait au vert en compagnie des frères Petit dans leurs champs situés à la ferme de l’Escole à Horrues. Une famille passionnée d’agriculture biologique ayant très vite compris la nécessité de cultiver de manière durable et de mettre à disposition le fruit de leurs récoltes au plus grand nombre. Ces récoltes que nous retrouvons d’ailleurs toutes les semaines sur les étales d’Ekivrac : haricots, épinards, laitues, pommes-de-terre, choux, potimarrons…
C’est durant une paire d’heures que ce petit groupe de personnes engagées eut l’occasion d’échanger à propos des valeurs qui leur sont chères. Ces valeurs qui peuvent sembler être une évidence pour un jeune projet comme Ekivrac le sont également pour nos deux maraîchers d’Horrues mais depuis beaucoup plus longtemps !
En effet, il y a déjà presque dix ans que nos deux comparses eurent l’envie de changer radicalement leur fusil d’épaule et de migrer vers une agriculture bien plus durable, respectueuse de l’environnement, de votre santé mais aussi de leur propre santé et de leur confort de vie.
La Genèse
Habitués de l’agriculture « conventionnelle » en compagnie de leur père, un jour, ils décident de lui annoncer leur envie de tester une nouvelle manière de cultiver. Pas si nouvelle que ça, puisqu’aujourd’hui, Jean-Marc nous a confié que son père était à la base des nombreux conseils qui leur étaient prodigués. En réalité, avant de voir émerger l’agriculture intensive accompagnée d’agents chimiques, il avait connu ce que nous appelons aujourd’hui l’agriculture biologique… Ils ont aussi récemment décidé d’abandonner la production laitière qui leur apportait beaucoup de contraintes et se sont à présent concentrés sur la culture maraîchère et les céréales.
Mais pourquoi avoir eu l’envie de se lancer dans une telle aventure alors que peu de personnes y croyaient à l’époque ? Outre le fait de proposer une manière plus responsable de travailler, Jean-Marc nous a souligné avec insistance son envie de montrer l’exemple à d’autres agriculteurs. Car oui, ça fonctionne ! Et les professeurs d’écoles d’agriculture -apparemment encore trop peu à former aux méthodes biologiques- commencent également à s’intéresser à leur travail.
Du bio mais comment ?
Il paraît évident que l’exploitation est certifiée par un organisme agréé et dispose donc du label européen d’agriculture biologique mais nos deux comparses ont voulu aller encore plus loin. Ils refusent à présent de travailler avec des produits comme le cuivre -autorisé dans le cahier des charges du label- et se concentrent exclusivement sur des préparations maison végétales afin de repousser les petits intrus (micro-organismes et insectes) qui leur donnent bien souvent du fil à retordre…Ils ont donc fait le choix de travailler avec la nature et non contre elle. Afin de mener ces expérimentations, ils peuvent également compter sur les idées nouvelles des personnes qui travaillent avec eux comme leur stagiaire ou leur nouvel employé. Dominique, l’épouse de Jean-Marc est aussi à leur côté pour les aider dans leurs différentes tâches.
Politiquement bio
Au détour de quelques plants de laitues, nous prenons le temps de discuter avec Paul-Emile qui nous donne son point de vue sur la politique agricole européenne. Pour lui, il et urgent de se concentrer sur des produits locaux, belges et européens et de faire émerger des lois visant à protéger notre agriculture et à empêcher le dumping américain des produits alimentaires qui pourraient envahir nos supermarchés. Il est aussi urgent de promouvoir l’agriculture biologique, de l’aider à émerger et d’en finir avec une agriculture conventionnelle de subsistance qui ne survit la plupart du temps que grâce aux subsides. Le combat n’a donc pas lieu que dans le champ mais aussi dans votre assiette et au sein des institutions publiques.
Après autant d’années, sont-ils satisfaits de cette aventure ?
De prime à bord, tout le monde a l’air serein sur l’exploitation même si Jean-Marc nous a confié que ses nuits de sommeil étaient très courtes. Lorsqu’il nous raconte ses journées de travail chargées, une sensation émerge en nous lorsque nous refaisons le fil de nos journées et nous donne l’impression d’être presque paresseux voire oisif mais nous rappelle également tout le travail nécessaire pour nous apporter de tels aliments dans notre assiette.
L’aventure est à présent rentable, en partie, et Jean-Marc compte bien mettre à profit cette rentabilité afin de développer le projet en engageant de nouveaux compagnons afin d’alléger ses journées. Rentable en partie puisque depuis des années, ayant pris l’habitude de travailler avec certains industriels lorsqu’ils travaillaient encore en conventionnel, ils n’ont pu lâcher le morceau si rapidement… Selon nos deux agriculteurs, la seule partie de l’exploitation qui n’est pas rentable est bel et bien l’activité destinée à ces industriels. Le seuil de rentabilité est tout juste atteint mais ne leur permet pas d’en vivre. Une raison de plus pour se détourner de ces gros groupes, ce que les deux frères comptent faire assez rapidement.
Quand l’ékipe d’Ekivrac enfile ses bottes…
C’est indéniable, un bon bol d’air frais fait toujours du bien ! Et celui-ci tout particulièrement car il nous a permis de mieux appréhender le travail de nos partenaires. Une découverte et une prise de conscience indispensable afin d’être, en magasin, un relai durable avec vous : nos visiteurs, nos clients… Chez Ekivrac, c’est un fait, nous aimons parler en connaissance de cause, nous aimons relater l’histoire de nos partenaires, le goût si unique de leurs produits mais ce que nous aimons par dessus tout, c’est de continuer à prendre les engagements que nous prenons depuis le début afin de repenser le monde avec vous et de le rendre durable pour le transmettre sans remords à nos générations futures.
Géraud S.
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